Inquiétudes à l'Anses : l'ex DG Benoît Vallet n'a pas pu effectuer son intérim
Des représentants des salariés et sources internes à l'Anses se disent inquiets et dénoncent un désaveu, après l'éviction « inédite » du directeur général Benoît Vallet, dont le mandat a pris fin mais qui souhaitait assurer son propre intérim, quelques mois après avoir défendu l'indépendance de l'agence sanitaire, pendant les débats sur la loi Duplomb.
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La réunion du conseil d'administration (CA) vendredi, sera l'occasion d'exprimer « une forte inquiétude pour la santé mentale des agents », a expliqué à l'AFP Nathalie Thieriet, représentante des personnels au CA. À la tête de l'Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du travail depuis le 15 novembre 2022, Benoît Vallet a vu son mandat de DG expirer vendredi dernier.
Alors qu'il avait proposé d'assurer l'intérim jusqu'à la nomination d'un nouveau DG, cet intérim a été confié à Gilles Salvat, qui dirige le pôle recherche de l'agence, rapportaient le 7 novembre, deux dirigeants de l'association Robin des Bois, Jacky Bonnemains et Charlotte Nithart, membres du CA.
« La décision a été prise par le cabinet du Premier ministre dont le directeur est M. Philippe Gustin, ex-directeur du cabinet de Mme Annie Genevard, ministre de l'agriculture », affirmaient-ils. Sollicités par l'AFP, ni le ministère de la santé, ni celui de la transition écologique n'ont réagi.
« Il a été perçu comme un empêcheur de tourner en rond »
Depuis 2015, l'Anses, qui évalue la dangerosité des pesticides, autorise ou non leur mise sur le marché et rend des centaines de décisions par an, en toute indépendance scientifique. Mais certaines de ses décisions ont été remises en cause par le ministère de l'agriculture, sous forte pression de la FNSEA. Aussi « Benoît Vallet et le personnel de l'Anses s'étaient montrés très réservés vis-à-vis de la loi Duplomb qui dans sa version originelle envisageait de réduire les marges de manœuvre de l'Agence », a rappelé Robin des Bois.
« On n'enlève pas quelqu'un comme ça sauf s'il a fait une faute grave, ce qui n'est pas du tout le cas. C'est inédit », a déclaré à l'AFP Jérôme Lozach, représentant du personnel au CA, dénonçant un « retour de bâton » pour les « positions prises sur les phytosanitaires ». « Il a été perçu comme un empêcheur de tourner en rond et le paye », abonde Nathalie Thieriet, pointant des budgets de l'agence en baisse alors que ses missions s'étoffent.
Une inquiétude partagée au sein d'autres agences environnementales, sociales et sanitaires comme l'Office français de la biodiversité, l'Office national des forêts ou l'Agence nationale de l'habitat, dont les syndicats CGT vont dénoncer, lors d'une assemblée générale le 26 novembre à Paris, « la stigmatisation d'une grande partie de la classe politique à leur encontre ».
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